Le Rig Veda : l’hymne de l’unité*
1) Il n’y avait pas l’être, il n’y avait pas le non être en ce temps.
2) Il n’y avait ni l’espace, ni le firmament au-delà
3) Quel était le contenu ? Ou était-ce? sous la garde de qui ?.
4) Y avait-il de l’eau profonde, de l’eau sans fond.
Cette première strophe pose les mêmes questions que dans d’autres philosophies, il est aisé de reconnaître les mêmes interrogations que celles des kabbalistes par exemple, car avant la création il y avait le sans fin ( Aîn soph), le sans fond étant donné que le temps et l’espace sont liés.
Nous trouvons également les mêmes interrogations dans la philosophie chinoise ou l’on parle du « sans forme »
1) Ni la mort, ni la non-mort n’étaient en ce temps.
2) Point de signe distinguant la nuit du jour.
3) L’Un respirait sans souffle mû de soi-même.
4) Rien d’autre n’existait par ailleurs.
Seul était l’Un sans partage, l’unique n’avait pas de jour ni de nuit, car la nuit est différente du jour, qui dit nuit pense également au noir, aux ténèbres et le jour avec la lumière. L’Un existait par lui-même sans aucun libre-arbitre, c'est-à-dire que le souffle se faisait sans effort ni pensées, cela respirait mais cela n’était pas perceptible, il n’y avait ni chaleur ni densité ou plutôt ni densité ni chaleur, seul le souffle, l’air primordial était là, il était appelé le Verbe ou puissance d’après une tradition occidentale.
1) A l’origine les ténèbres couvraient les ténèbres.
2) Tout ce qu’on voit n’était qu’onde indistincte.
3) Enfermé dans le vide, le devenant.
4) L’Un prit alors naissance par le pouvoir de la chaleur.
L’onde indistincte est appelée dans d’autres traditions la vibration primordiale ou la mère de toutes les vibrations, l’Alpha des grecs, ou l’Aleph des hébreux, le Devenant est ce qui va arriver, c’est l’idée du grand Architecte qui va être couchée sur le papier et être construite un jour, pour l’instant ce n’est qu’une idée , c’est un plan futur. Le texte rejoint la philosophie Grecque.
1) D’abord se développe le Désir,
2) Qui fît le premier germe de la Pensée.
3) Cherchant avec réflexion en leurs âmes,
4) Les Sages trouvèrent dans le non-Etre, le lien avec l’Etre.
Le Désir engendre la Pensée et la pensée engendre l’Action. C’est le triangle primordial, c’est la racine du libre-arbitre fondamental.
Les Sages par la suite voulurent se relier avec l’Etre primordial et pour cela essayèrent d’ôter le désir de leur cœur pour ne faire qu’un avec l’Unique. C'est-à-dire qu’en abandonnant le désir ils abandonnèrent l’action, cette notion se retrouve abondamment dans la Bagavad Gita venue après les védas puis remise en pratique dans le bouddhisme par la suite.
1) Leur cordeau était tendu en diagonale
2) Quel était le dessus, quel était le dessous ?
3) Il y eut des porteurs de semence, il y eut des énergies féminines.
4) En bas était l’instinct, en haut le Don.
Ce passage est très important car de là découle la création, le cordeau tendu en diagonale est imagé par la notion taoïste du Yin et du Yang , le Yin étant l’instinct et le Yang le Don car il faut des deux pour faire un monde.
Nous avons ici la dualité primordiale qui est représentée par les deux colonnes du temple de Salomon Jakin et Boaz
Nous trouvons aussi le cordeau dans la lettre Aleph א d'un point de vue kabbalistique.
La branche du haut représentant la branche masculine
La branche du bas représentant la branche féminine.
Nous pouvons donc dire que ce passage des védas fait parti pleinement de la tradition primordiale.
1) Qui sait en vérité qui pourrait l’annoncer ici
2) D’où est issue, d’où vient cette création ?
3) Les dieux sont en deça de ce acte créateur
4) Qui sait d’où il émane ?
Ce texte nous indique que nous ne pouvons comprendre complètement Dieu. En vérité de cette création nous ne pouvons connaître que les effets, ses manifestations et non la cause primordiale, mais c’est déjà un travail énorme qui va nous occuper de nombreuses vies que de connaître les manifestations visibles et invisibles. Il en découle de cela que toutes les religions croyant dire la vérité sont dans le mensonge.
1) Cette création d’où elle émane,
2) Si elle a été fabriquée ou si elle ne l’a pas été,
3) Celui qui veille sur elle au plus haut du ciel
4) Le sait sans doute : ou bien ne le sait-il pas ?
Cette strophe indique d’abord que la création est émanée mais que le créateur ne sait pas forcément ce qu’est cette création, cela rejoint aussi les conceptions suivant lesquelles la matière se complexifie au cours de l’évolution et que la conscience est de plus en plus consciente d’elle-même. Dieu à défaut d’autres mots devient-il conscient de lui-même qu’à travers sa création ?c’est une question.
Pour répondre à la question de B l’homme peut se reconnaître sûrement à travers les hommes mais pas seulement. Il y a aussi des êtres sur d’autres plans. Cette dernière strophe de « l’unité » pose également la question de savoir si la création a été fabriquée suivant un plan pré établi ou bien mis en branle par le désir ou bien elle s’est débrouillée d’elle-même, autrement dit les plans étaient-ils précis ou bien très schématiques. Autrement dit l’Architecte s’est-il contenté de dessiner le plan général de la cuisine ou a-t-il été jusqu'à dessiner les brûleurs de la cuisinière. Cette strophe nous indique qu’il y a une force qui veille sur la création.
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