RECIT N°8

Publié le par maybruce

L'encerclement

« Cela fait des années qu’ils voient cette maison abandonnée, ils ne penseront pas à venir. »

« Et s'ils viennent quand même. »

« Emmanuel sera déguisé en mexicain et il jouera le rôle d’idiot du village, de toute façon ce sera facile, de la façon dont il parle Espagnol. »

« Et puis deuxièmement que faisons-nous à supposer que la première partie du plan ne soit pas une catastrophe. »

« Deuxièmement nous allons sortir Martine de sa cellule, nous rejoignons Emmanuel, et troisièmement nous partirons aux Etats Unis, puis ils partiront pour la France. »

« C’est si loin la France. » Isabel pâlit autant que le permettait sa peau mât et halée puis elle s’évanouit. Elle venait de tourner une page de sa vie. Riberio avait raison, si Emmanuel ne fuyait pas elle le perdrait à jamais, s'il fuyait elle le perdrait pour toujours mais dans cette deuxième hypothèse il resterait vivant.

Ils passèrent la matinée à mettre au point le plan de Riberio, celui-ci avec Juanita prirent en main les opérations, vers midi ils prirent la direction de Nuevo-Villa où se situait la mission catholique. Riberio était perché sur un mulet. Il portait une soutane empruntée à Emmanuel qui n’en avait plus besoin, à côté du mulet une petite religieuse vêtue de noir cheminait péniblement.

« Il fait chaud, j’ai mal aux pieds avec ces sandales, il y a beaucoup de pierres, et  puis où est passé ta légendaire galanterie, pourquoi c’est toi qui est toujours bien à l’aise sur le mulet. »

« Allons courage Juanita, nous entamons les trois derniers kilomètres, c’est normal que tu sois à pied car moi je suis l’évêque venant spécialement de Mexico pour visiter la congrégation des soeurs de la miséricorde. »

 « Heureusement que nous ne venons pas de Mexico, je serais morte depuis longtemps. » Répliqua Juanita.

« Certes tout ce voyage à pied ce n’est pas entièrement crédible, mais je trouverais une explication, fais moi confiance. »

« Je n’en peux plus, avec cette grande corde autour de ma taille et ce gros vêtement, je meurs de chaud. »

« Nous prendrons un bon bain en arrivant » dit Riberio en plaisantant

« Certes ce n’est pas ce qui manque les bains dans un couvent, et puis nous ferrons l’amour. Tu es d’un drôle!.  »

 Juanita bouda durant  les deux derniers kilomètres. La vieille mission catholique du XVII éme siècle dressait ses murs austères d’un ton ocre qui donnait un peu de chaleur à l’édifice en forme de forteresse. Riberio frappa sur la lourde porte en bois.

« Ouvrez mes soeurs, je suis l’évêque Monseigneur Roberto Sanchez, je suis venu de Mexico avec soeur consuela, elle se sent mal vous savez, elle fait le chemin à pied depuis que sa mule soit malencontreusement morte d’une chute dans un ravin.

« Nous vous ouvrons que Dieu vous garde Monseigneur, que nous vaut l’honneur de votre visite dans une contrée si reculée. »

« Je viens visiter les congrégations, de plus un de mes collègues français m’a envoyé une lettre, cela fait longtemps qu’il n’a reçu de nouvelle d’une de ses compatriotes une de vos soeurs. »

« Elle est ici, mais avec tous ces événements elle ne peut sortir de sa cellule, vous savez toutes ces campagnes anti- française. »

«  Permettez que soeur Consuela vienne la distraire dans sa cellule, nous installerons un lit en planche. »

« Cela sera fait selon votre plaisir, mais soeur Martine ne veut plus manger et elle ne veut voir personne tant qu’elle est prisonnière comme elle dit. »

« Ne vous inquiétez pas soeur Consuela fait de  véritables miracles. »

« Soeur Consuela commença par vider une cruche d’eau et avala une assiette de tortillas, puis ayant retrouvée sa bonne humeur elle se rendit dans la cellule de soeur Martine. »,

« Puis, je entrer ma soeur?. »

« Non je ne veux voir personne. »

Juanita pris d’un geste vif la clef que portait une des soeurs, elle ouvrit la porte, Martine pleurait.

« Mais qui vous permet d’entrer ainsi. »

Juanita lui fit signe de se taire

« Oh! Non ce n’est pas vrai Juanita, quelle bonne surprise. »

« Chut, parles tout bas, je suis venue te sortir de ce piège, c’est pour cette nuit ma belle. »

« Mais nous sommes enfermées. »

« Comment ai-je ouvert, j’ai la clef bien entendu, et puis j’ai laissé la porte ouverte. »

« Mais comment allons nous franchir les murs, ils font plus de trois mètres? »

« Ma corde en fait cinq, tout est prévu, ne t’inquiète pas. »

Ils parlèrent durant un long moment à voix basse, le temps passa tandis que tombait la nuit elles parlèrent sans s’arrêter, il était déjà plus de minuit.

 

Publié dans Recits

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