Récit N°9
L'encerclement (suite)
« C’est l’heure, en route pour l’aventure. »
Juanita confectionna un mannequin avec les deux robes de religieuse et avec les polochons.
« Ainsi nous gagnerons un peu de temps, mais nous serons loin quand se lèvera le jour. » ¨Puis elle ajouta
« Mets la chemise et le pantalon, déchausse toi, tes chaussures font un bruit de sabots de cheval, fais un noeud avec les deux lacets et passe le autour de ton cou. »
Elles traversèrent la cour, sur la pointe des pieds, elles se déplaçaient sans un seul bruit, elles évitaient les zones de lumière que donnait la lune montante. Elles furent bientôt au pied du mur. Juanita lança la corde comme un lasso en vain, les pierres ne dépassaient pas suffisamment du mur.
« Rien à faire. »
« Tant pis, retournons à la cellule, nous n’y arriverons pas. »
Juanita entreprit l’escalade en s’aidant de ses orteils et des phalanges de ses doigts, elle tomba deux fois sans se faire mal. Les vieux murs possèdent de nombreuses aspérités mais elle ne voyait rien. Martine remarqua qu’elle marmonnait tout en escaladant le mur.
« Oui j’ai compris à droite. »
« Ah oui ici il n’y a plus de mortier, vivement que cela se termine, j’ai mal aux pieds. »
Elle arriva en haut du mur qui faisait plus de cinquante centimètres de large. Une pierre allongée dépassait, elle accrocha la corde puis elle la lança à Martine qui monta très rapidement en servant très peu de la dite corde.
« Dis donc, tu aurais pu passer la première, comment fais-tu, au fait as-tu mal aux pieds. »
« Non. »
« Mais comment as-tu fait pour aller directement au bon endroit. »
« J’ai observé ce que tu faisais, ce n’est pas trop compliqué, mais au fait à qui parlais-tu je n’ai pourtant remarqué personne. »
« Je parlais à Riberio, il s’était dédoublé. »
« Ah je vois, t’a t-il dit où nous allons maintenant. »
« Oui au rendez-vous, nous nous retrouverons à six heures du matin. »
« Mais cela ne semblera pas suspect qu’il parte seul. »
« Non il prétextera une messe à faire dans les environs. »
« Comment appelles-tu Emmanuel, ou plutôt son double. »
« En bien je ferme les yeux et je visualise son visage, c’est le seul moyen. »
« Et cela marche. »
« Une fois sur deux environ. »
« Enfin vous ne pouvez imaginer ce que je suis contente d’être de ce côté du mur. »
« Ne vas-tu pas regretter ton habit de religieuse. »
« Non, car je voulais être religieuse mais non prisonnière, cela je ne le supporte pas, de plus il y a beaucoup de religieuse qui sont enfermées ici sans véritable vocation et cela est très négatif, et cela entrave la spiritualité, la force spirituelle serait de beaucoup supérieure avec trois fois moins de soeurs très motivées, elles sont frustrées et aigries, hors ce type d’expérience ne peux se faire sans danger sans une véritable spiritualité. »
« Et toi avais-tu la vocation. »
« Peut-être que non, enfin je l’ai perdue depuis que j’ai découvert l’ambiance délétère et surtout depuis que j’ai rencontré Emmanuel. »
« Tu as... »
« Non je n’ai pas couché si c’est cela que tu veux dire, j’ai respecté mes voeux et encore plus Isabel, mais le fait d'être enfermée je considère que le contrat est rompu. »
« Ma soeur tu as tourné une page. »
« Je n’apprécies pas cette plaisanterie ne m’appelles plus ma soeur. »
« Oh! ne sois pas si susceptible ce que je voulais dire c’est que tu es ma soeur de coeur si tu le veux bien. »
Elle se radoucit.
« Si je le veux, tu le sais je t’adore et je serais très triste de te quitter car nous devons fuir c'est ce que tu m’as expliqué tout à l’heure dans la cellule. »
Elle marchèrent bras dessus bras dessous en plaisantant, elles manquèrent plusieurs fois de tomber à terre elles se relevèrent en riant, elles suivaient le sentier au Nord de Nueva-Villa, le jour doucement se levait, au bout du sentier Riberio les attendait tenant par la bride trois chevaux.
« Vite partons à l’Hacienda. » Dit-il