RECIT N°14
Le drame
ke Wen, la petite Annamite chevauchait sur le cheval emballé, derrière elle un soldat la poursuivait, il avait un foulard rouge au-dessus de son uniforme bleu.
« Arrêtez vous ou je tire. »Disait il en Espagnol puis en Anglais.
« Oui mais comment. »Disait-elle en perdant les rênes.
Le cheval sans maitre gravissait une côte, il suivait un sentier qui ne menait nulle part. Elle distançait sans peine le soldat beaucoup plus lourd, celui-ci tirait des coups de revolver en l’air, ce qui avait pour effet d’affoler encore plus le cheval.
« Arrêtez vous allez tout droit en direction du canyon de la mort. »
Le canyon de la mort était très étroit, il mesurait environ sept à huit mètres de largeur, mais il était profond de quarante mètres. Curieusement le sentier, nul ne savait pourquoi s’arrêtait juste devant. Le cheval était lancé au galop et n’obéissait plus à la cavalière débutante, il sauta au dessus du canyon et ce fût le drame. Martine ferma les yeux et lâcha tout, puis elle tomba quarante mètres en contrebas. Elle mourût sur le coup. Le soldat s’arrêta devant le précipice, le cheval de Martine était lui de l’autre côté, il avait sauté sans sa cavalière. Le cavalier sortit son fusil épaula et tua le cheval. Avec le bruit de la détonation il ne s’aperçut pas que derrière lui venait d’arriver Couteau Agile, Riberio et Emmanuel.
Juanita s’exclama.
« Il a tué Martine, il a tué Martine. »
Elle prit un vieux pistolet que l’Apache portait a sa ceinture et tira sur le soldat qui tomba de cheval. Il voulut dégainer son colt, mais Couteau Agile pris son couteau.
« Pars, je te prie dit Riberio, mon ami est très fort au couteau. »
Le soldat hésita puis remonta à cheval, son épaule gauche saignait, Riberio se doutait de quelque chose.
« Ce n’est pas lui qui a tué Martine, c’est son inexpérience à cheval. »
Emmanuel était anéanti, il ne disait rien, comme absent. Juanita jetai des regards noirs à Riberio.
« Regarde où tu nous a conduit, si tu m’avais écouté. »
« Mais. »
« Tais-toi, si tu ne te sens pas capable de nous guider, laisse faire les autres. »
Heureusement Couteau agile veillait sur le petit groupe;
« Vite, si vous ne voulez pas dormir ce soir en prison. » Il nous faut partir, les tuniques bleues ne sont pas loin, il prit le cheval d’Emmanuel par la bride et parti au galop.
« Allons dépéchez-vous. »
Il reprit son labyrinthe à travers les arbustes et les arbrisseaux parsemés, puis il pris une direction parallèle à la frontière.
« Les tuniques bleus vont nous chercher à l’intérieur des terres du Texas, et c’est pour cela que nous ne nous en éloignerons pas trop, au fait, où allons-nous. »
« Au Nouveau Mexique. » Dit Riberio.
« Mais ce n’est pas le chemin de la mer. » Dit Couteau Agile.
« Nous allons d’abord te déposer puis je conduirais Emmanuel vers la mer » Dit Riberio
Le voyage se poursuivait, Riberio et Juanita aller chercher le ravitaillement dans les petites villes habitées par des blancs, Couteau Agile partait le chercher quand la petite troupe traversait les territoires indiens. L’ambiance était glaciale, Juanita ne parlai plus du tout à Riberio, celui-ci était sombre et ténébreux car il avait perdu à la fois sa compagne et ses pouvoirs. Emmanuel ressemblait à un zombie absorbé par une profonde dépression, il était englué dans le malheur comme une mouche dans une toile d’araignée. Seul l’Apache se trouvait heureux car il allait retrouver une nouvelle tribu et de plus il avait pris sa revanche sur Riberio. Il chevauchait en éclaireur à quelques centaines de mètres du trio et permettait d’échapper à toutes les patrouilles de soldats.
« Tu vois disait-il à Riberio depuis cinq jours nous avons évité trois patrouilles et si je n’étais pas là tu serais en prison ou devant le poteau d’exécution, depuis plusieurs jours tu n’a rien fait de sensé. »
« Je suis comme dans un brouillard, je ne vois plus rien, je n’entends plus les messages de l’invisible. »
« Tu es comme un Puma sans griffes, cela signifie pour toi que de nouvelles griffes plus acérées vont pousser ou bien tu deviendras complètement ordinaire. »
Le voyage se poursuivait toujours aussi morose, les patrouilles se raréfiaient ainsi que les groupes d’indiens sur le sentier de la guerre, un jour Couteau Agile vint faire ses adieux. »
J’ai retrouvé une nouvelle tribu, je vais rejoindre le chef Cochise, que Riberio vienne me voir dès qu’il retrouve ses pouvoirs, viens Juanita j’ai deux mots à te dire, rien qu’à toi. »
Juanita descendit de cheval l’indien l’entraîna a quelques dizaines de mètres.
« Invite de nouveau Riberio dans ta tente ou dans ton bivouac, l’homme appartient au pouvoir, mais le pouvoir n’appartient pas à l’homme ce n’est pas comme la pensée, de plus peut-être la visage jaune à rencontré son destin. »
Juanita revint vers le groupe troublée et soucieuse, pour la première fois depuis de longs jours elle ne jeta pas un regard hostile à Riberio.
Le jour se levait, ce soir ils atteindraient le nouveau Mexique, et se serait la terre promise. Juanita parlait avec Emmanuel qui lui répondait par des monosyllabes elle le prenait quelquefois dans ses bras comme une mère prendrait un jeune enfant.
« Pardonnes moi Emmanuel » Lui dit-elle un jour.
« Te pardonner mais de quoi. »
« Je n’ai pas pu, je n’ai pas su éviter le drame. »
« Tu as pourtant fais tout ce qui était en ton pouvoir, si tu te sens coupable je te pardonne de grand coeur, tu es mon amie Juanita, tu as fait ce que tu as pu, ce n’est pas le cas de l’autre. » L’autre étant Riberio.
« Oh! Tu sais les pouvoirs n’appartiennent pas à l’homme et il n’a pas vu qu’il les avait perdus, le pouvoir est capricieux. »
« Tu as peut-être raison admis Emmanuel. »