Récit N°17

Publié le par maybruce

 Retour à l’Hacienda

« Ah te voila, enfin je croyais que tu ne sortirais pas de la brume, tu viens de traverser tous tes regrets, le filet de lumière, le fil d’Ariane que tu as suivi se sont mes pensées d’amour, non je ne suis pas jalouse car nous étions sur un autre plan, sais tu que j’aurais pu être ta fille, mais une bonne âme a pris ma place pour se réincarner. Nous allons passer un moment ensemble, cela pourra durer un an en temps terrestre, ou bien cent ans puis nous allons nous quitter et nous retrouver dans deux vies pour toi, mais tu as encore beaucoup de choses à comprendre sur le nouveau monde où tu viens d’arriver, ce sera moi ton guide, tiens Riberio viens de nous rejoindre.   

« Je ne suis pas l’un des vôtre, et suis donc ici à titre provisoire, je suis le passeur mais ta mort a été si soudaine que je suis arrivé en retard, nous nous retrouverons pas au siècle suivant, mais dans deux siècles, bon à bientôt, les vivants ont besoin de moi à l’hacienda »   

Pendant ce temps là à l’hacienda la situation était grave, il ne restait presque plus rien, plus une tête de bétail, plus de vins dans la cave, plus de meuble à l’exception d’un lit dans la chambre d’Isabel. Celle-ci était en haillons, elle avait fuit depuis plusieurs semaines et avait survécu grâce au fidèle Ricardo le contremaître qui braconnait pour lui apporter à manger. Dix fois Isabel avait eu la tentation de se jeter dans le ravin. Elle avait tout perdu, son amour, son fils Bernardo qui venait de mourir écrasé par les roues d’un chariot. Il ne restait plus que son contremaître et maintenant ami Ricardo.   

« A quoi bon vivre Ricardo, je n’ai plus rien. »

« Si tu as Nora et moi, sommes nous rien?. »

«  Ce n’est pas ce que je voulais dire. »

«  Tu as la vie et les amis, le fou et son amie Juanita qui vont bien finir par revenir. Et puis tu possèdes encore de la terre, trois cent hectares ce n’est pas rien, et puis j’ai une robe pour toi, fais moi plaisir lave toi et passe là puis nous passerons une bonne soirée, j’ai réussi à sauver quelques bouteilles de vins, du 1854 »

Il lui tendit le liquide.  

« Viens nous allons nous laver, tu passeras la robe et nous passerons une bonne soirée. »

Isabel se laissa faire, elle était un peu éméchée. Ricardo la déshabillait lentement et la lavait devant l’abreuvoir.

« Dis donc Ricardo cela fait longtemps que tu n’as pas vu les filles de Monterrey, avant tu y allais plusieurs fois par semaine. »

« Mais tu est plus belle que toutes les filles de Monterrey réunies, jour et nuit je pense à toi et puis ils nous ont laissé un lit, c’est bien un signe. »

Elle n’avait plus la force de lutter, elle ne savait pas si elle avait envie, elle ferma les yeux quand il l’embrassa passionnément devant l’écran de ses yeux il y avait Emmanuel. Elle se leva heureuse le lendemain matin pour la première fois depuis des semaines, elle pensait ne plus rien ressentir et cela n’avait pas été le cas, la nuit avait été agréable sans plus, mais elle contrastait beaucoup avec les semaines d’errances. Elle était aussi un peu honteuse car Ricardo lui faisait plus penser à un père qu’à un amant, mais Emmanuel était présent dès que ses yeux se fermaient.  

«  Alors tu vas mieux?... »

« Oui je vais beaucoup mieux. »

Elle sourit.

« Isabel veux-tu devenir ma femme?... »

Elle voulut ouvrir la bouche, mais les mots ne sortaient pas , elle resta muette. A cette époque les hommes avaient trois femmes dans leur vie , premièrement la femme légitime souvent épousée pour des raisons économiques, l’accord charnel se faisait ou ne se faisait pas alors apparaissait la maîtresse qui n’était pas forcément celle que l’on aime, qui elle, était souvent mariée ailleurs. Ricardo était visiblement amoureux et de plus bon amant.

« Es-tu amoureux Ricardo?... »

« Oui je le suis depuis longtemps. »

« Alors veux-tu renoncer à l’hacienda dans mon testament, je te veux plus amant que mari. »

« Oui. »

« Bon alors c’est oui, mais mettons les choses au point, je te serais fidèle, mais saches que moi je ne suis pas amoureuse et que mon coeur est au loin. »

« Ton lit est près. »

Ricardo était un matérialiste convaincu, mais dans le sens premier du terme, il aimait la matière sans philosopher, il aimait le corps des femmes, il aimait les bons petits plats, les vins, les chevaux, les vaches et le vent de la Sierra-Leone. Pour lui nul besoin de chercher à savoir ce qui se cachait derrière la nature, il ne croyait pas en Dieu car ses employés (Les prêtres) étaient selon son expression ( Des empêcheurs de vivre et de jouir) ainsi que des frustrés, seul Emmanuel trouvait grâce à ses yeux. Ah s’ils étaient tous comme lui répétait-il, lui m’a presque fait croire. Quant à Isabel elle se sentait en sécurité avec Ricardo.

Quelques jours plus tard quand Juanita et Riberio revinrent à l’hacienda, ils trouvèrent Ricardo et Isabel un peu éméchés assis sur des caisses en bois et se réchauffant devant le feu.

« A boire, à manger, un lit avec des couvertures et une belle fille dedans je ne demande rien de mieux. »

« C’est bien si cela dure longtemps, mais comment allez vous faire cela?... » Dit Riberio en ouvrant la porte 

« Et bien nous nous débrouillerons, ce n’est pas tes tours de magie qui mettrons du beurre dans les haricots. » Répliqua Ricardo.

« C’est ce que tu crois, mais j’ai plus d’un tour dans mon sac. » Il tendit une grosse bourse remplit de pièces de 50 dollars en or à Isabel..

« Tu en auras besoin pour remettre en état l’Hacienda. »

« Mais je ne peux pas accepter. »

« Si tu le peux, c’est un ordre. » Dit Riberio qui décida de ne pas lui annoncer la mort d’Emmanuel, maintenant qu’elle commençait juste à revivre. »

Isabel donna sans hésitation la bourse à Ricardo

« Tien c’est pour toi, remet en état l’hacienda pour notre mariage, s'il en a trop c’est à toi puisque tu as renoncé à l’héritage. »

Juanita était interloquée, elle ne savait pas que Riberio possédait de telles sommes.

« Mais d’où viens tout cet argent. »

"MAIS DE MA MINE "

Publié dans Recits

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