Catherine 3
CATHERINE EN FRANCE
Quand Elvira monta dans la Jeep elle remarqua qu’à côté d’elle se tenait un jeune Américain. Elvira les détestait, ces personnages arrogants, responsables en partie de la dictature pesant sur le Guatemala. Jean disait pourtant, la haine est mauvaise, mais ne rien dire ne réduit pas au silence. Elvira avait perdu plusieurs membres de sa famille et elle rendait responsable les Américains au même titre que les escadrons de la mort. Pourtant ce jour là le jeune homme lui était plutôt sympathique.
« Je vous présente Bob, un apprenti conseiller militaire, il part avec nous, j’espère qu’il ne vous dérangera pas Elvira » dit très ironiquement le commandant Ruiz.
« Mais enfin vous avez vu sa tête » dit le jeune américain dans un espagnol presque parfait. Les militaires rirent aux éclats. Elvira en aurait fait de même si la situation n’avait été aussi dramatique.
« Mais d'où sortez-vous Bob, vous venez d’arriver, je ne peux pas rire à cause de mes lèvres abîmées, évidemment vos modernes instruments de tortures électriques ne laissent pas de traces et sauvent les apparences. »
Il la regardait étonnée.
« Tais-toi « Dit Ruiz en pointant son revolver vers Elvira.
« Laisser la continuer, je suis ici pour m’instruire » Dit Bob
Ruiz rangea son arme à regret.
« Pourquoi êtes-vous ici. »Dit Elvira.
« Pour combattre le communisme. »
« Il a bon dos le communisme, c’est comme au temps des Espagnols qui combattaient le diable avec la redoutable inquisition. »
« Je reviens de mission au Tibet (A l’époque les USA soutenaient la résistance Tibétaine) et je peux vous dire que les chinois sont des diables. »
« Les Escadrons de la mort aussi sont des diables ils massacrent des villages entiers, et ces villages veulent vivre sans se soucier ni du communisme ni du capitalisme. »
« Mais le danger de contagion communiste est grand. »
« Mais de quel danger parlez-vous, oui nous avons une sorte de communisme primitif comme les Mayas, mais cela fait plus de mille ans que nous vivons ainsi. Nous voulons simplement cultiver nos champs tranquillement mais nous sommes coincés entre vous et les Russes, il y a plus de douze ans vous avez supprimé l’espoir en voulant combattre le communisme vous avez tué la démocratie et encouragé une des dictatures les plus cruelle. Combien de morts en Afrique avez vous fait au nom de l’esclavage, combien de morts avez-vous faits parmi les indiens. »
« Mais. »
« Oui vous allez me dire que c’est de l’histoire ancienne. »
« Et le Tibet »
« Oui parlons en, croyez vous que vous pourrez renverser le régime chinois en armant plusieurs milliers de résistants sans pour autant recevoir le Dalaï Lama, ce que vous faites embête certes les communistes mais n’a aucune efficacité pour libérer le Tibet, car la Chine est un futur grand marché, ces reproches ne vous sont pas adressés personnellement, car je vous trouve plutôt sympathique, mais vous avez vraiment vu trop de Western. »
« Mais les communistes détruisent le Tibet. »
« Ai-je dit le contraire, et ce sont les Américains qui indirectement détruisent le Guatemala aussi atrocement qu’au Tibet, les USA ont perdus leur âme, enfin pas tous les habitants. »
« Tais-toi répéta Ruiz
Ils arrivèrent bientôt à la limite de la piste en terre. Les soldats firent déchausser Elvira et puis ils lièrent chaque cheville avec une corde mesurant environ soixante centimètres.
« Ainsi tu pourras marcher, mais pas question de courir, et puis tu auras intérêt à regarder où tu mets les pieds. »
Le trajet commença, le jeune américain écartait les épines sur le chemin d’Elvira et la portait pour passer au-dessus des troncs d’arbres.
« Vous me parlez beaucoup du Tibet, pourquoi?.. »
« Parce que j’ai fait une mission dans cette région et je m’intéresse beaucoup au Bouddhisme. »
« Alors il vous faudra bientôt changer de métier. » Répliqua Elvira.
Le commandant Ruiz fulminait en queue de peloton, il parlait à voix basse à son second
« Il faudra le renvoyer au plus vite, s’il est ensorcelé par la première terroriste venue, de plus il est capable de dénoncer ce que nous faisons dans les journaux américains, il faudra de plus se débarrasser le plus vite possible d’Elvira, nous lui dirons qu’elle s’est enfuie, cette femme est extrêmement dangereuse. »
Ils arrivèrent enfin à la cabane près du temple
« Voici la maison de Juan. »
« Deux hommes à l’intérieur avec la fille deux autres avec moi en embuscade, il ne peut pas s’enfuir. »
« Si peut-être par la cave en dessous. »
« Où est l’entrée de la cave ? » Dit l’un des hommes
Bob regardait Elvira comme si elle était une madone, elle lui souriait.
« Je ne sais pas exactement peut-être ici. » Elle frappa du pied sur le vieux plancher c’était le signal. Une trappe s’ouvrit et elle disparue en moins d’une seconde chutant trois mètres plus bas. Les deux hommes se précipitèrent vers la trappe. Bob dégaina son arme comme dans les Westerns.
« Restez ici vous deux, elle vous a conduit c’est bien, vous n’avez plus qu’à attendre le terroriste. »
« Espèce d’idiot, tu n’as pas compris qu’elle va le prévenir. »
En fait c’était Jean qui avait actionné la trappe, à l’aide d’un système très simple. La cave débouchait sur un cul de sac, mais en fait le cul de sac débouchait sur trois passages secrets, fermés par trois murs. Elvira était à l’abri, elle était certaine que Bob protégerait sa fuite.
« Baisse ton arme, ne fait pas l’idiot, nous sommes du même bord. »Dit le deuxième soldat.
« Je ne sais pas, n’avancez pas pour l’instant. » Dit Bob plus menaçant que jamais, puis un, coup de feu claqua, il tomba, Ruiz venait de tirer
« Voilà, il nous aurait causé des ennuis, nous dirons qu’il est mort au cours d’un accrochage avec les guérilleros, mais allons voir s’il est bien mort. »
Ils entrèrent dans la pièce il n’y avait plus personne.
Ruiz jeta sa casquette, et la piétina avec rage.
« Ce vieux renard de Juan nous à encore eu, mais je l’aurai un jour. »
Dans les entrailles du temple, quelques souterrains et passages secrets plus tard, Juan se penchait sur l’américain.
« Il a visé au coeur, mais la balle est passée très près, il s’en tirera. »
« Mais que vas-t-il devenir?.. »
« Il va devenir un autre homme, et toi ma petite comment vas-tu? »Dit-il en la prenant tendrement dans ses bras.
« Mieux qu’avant »
« Je vais te soigner mais avant il est urgent que nous nous occupions de notre ami. »
Catherine était ravie, elle s’envolait vers la France avec ses parents adoptifs, elle partait à Montpellier ou Henri avait été muté chef de chantier naval. Elle poussait un ouf de soulagement, derrière eux deux Sud-américain discutaient, c’étaient les espions du commandant Ruiz chargés de ramener Catherine dans les six mois, temps jugé nécéssaire par les médecins pour confirmer la guérison. Six mois c’était long et si court et Catherine savait qu’elle ne reverrait pas le Guatemala dans cette vie.
Bob se remit très vite en une semaine à peine, il avait du mal à se faire à son régime presque végétarien et il devenait de plus en plus amoureux d’Elvira.
« Tu me rends fou. »
« Pour ne rien te cacher, moi aussi, si quelqu’un m’avait dit cela il y a seulement quelques jours, je lui aurait ri au nez, mais nous nous sommes sûrement connus auparavant c’est du moins ce que dit Jean, mais au fait que compte -tu faire?.. »
« Rester avec toi. »
« C’est toujours comme cela au début, viens me rejoindre ce soir, nous vivrons comme mari et femme pendant un semaine et je te poserai alors la même question. »
Huit jours de promiscuité complète passèrent.
« Que veux-tu faire Bob?.. »
« Tu le sais bien. »
« Oui, mais dit-le moi, j’adore les paroles que tu vas prononcer. »
« Rester avec toi. »
« Bien moi aussi nous avons réussi l’épreuve, seuls les couples bien accordés sur les trois plans sexuel, affectif et intellectuel peuvent passer cette épreuve et nous avons réussi, nous allons partir pour le Mexique, car toi et moi sommes très recherchés au Guatemala. »