Le livre de Bruce 16

Publié le par maybruce

 

Suite du récit d’Elena

Nous étions arrivés près du lac Baïkal et le train circulait heureusement car je me sentais devenir de plus en plus normale, je peinais, j’avais froid mais j’avais repris sept kilos, sans me nourrir pratiquement.

« C’est la recette que tu as donné aux inconnus dans la mine. »

« Oui, c’est la recette que j’ai donné aux sept inconnus. »

« C’est pratique et c’est économique. »

Je vis à cette remarque que ma nature de paysanne ukrainienne reprenait le dessus, aux barrages de police le lieutenant Popoff  répondait qu’il escortait une prisonnière. Les policiers et autres soldats ne faisaient pas de remarques car il était trop gradé, d’autres fois, il me présentait comme sa femme, le temps devenait de plus en plus clément, il ne faisait que moins dix la nuit et cinq la journée. Il m’acheta une tenue plus légère  et plus féminine pour mon mari. Je retrouvais avec plaisir ma petite maison et mon lit mais je fus déçu cela ne marchait plus. Bruce me pris à l’écart.

« Tu vois, il se passe que vous avez été arrêtés en pleine nuit ou vers le début de la nuit et que vous avez peur d’être à nouveau séparés, aussi demain après midi je vais prendre la place d’Andreï et lui restera avec toi. »

« Mais comment sais-tu cela tu es le diable ou bien le bon Dieu dit Elena, je ne t’ai rien dit. »

« Non, mais j’ai vu ta mine. »

Bruce ramassa toute l’après midi le fumier des vaches du kolkhoze et moi j’explosais de joie et de jouissance, j’avais honte, mais je comprenais que c’étais un cadeau de sa part.

Je sermonnais Andreï car il recommençait à être jaloux.  

Bruce ramena une bouteille de champagne, j’ignorais comment il avait trouvé cela. Un vin français. Officiellement c’était pour fêter son départ, mais je savais que c’était pour fêter mon bonheur retrouvé. Il fallait qu’il parte car mon mari supportais de moins en moins les regards que je faisais à Bruce. Il se trompait, ce n’étais pas des regards langoureux, mais des regards de reconnaissances, d’admirations, c’étais tout sauf du désir. Mais enfin. !!

Par la suite je revis Bruce deux fois, à la mort de Staline, puis plus tard à l’indépendance de l’Ukraine.

Je mourus des suites de Tchernobyl j’étais âgée  de 73 ans.

Bises à vous.

Publié dans Le livre de Bruce

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