L’homme rayonnait d’une façon formidable, les lourdes fatigues de la route s’effaçaient, nous nous retrouvâmes bientôt prés des remparts je n’avais pas envie de dormir, il me donna de judicieux conseils mais nous reviendrons à ceux-ci plus tard, les soldats passaient et cherchaient une Rosalla de Marseille, je finis par m’assoupir, apurés de moi il n’y avait personne. Ceci était-il un rêve. A l’aube je repris le chemin de l’auberge, quand un jeune Dominicain vêtu de noir s’assit à ma table.
« Rosalla, finissez de vous restaurer, puis suivez-moi. ».
Il continua.
« Je n’ai pas besoin de soldats pour vous retrouver, aujourd’hui il ne vous sera fait aucun mal. »
« Et demain? »
« Cela dépendra de vos réponses, vos compagnons et votre tante sont prévenus mais quoi qu’il arrive vous dormirez ici ce soir. »
« Quoiqu’il arrive ? »
« Oui, soit vous êtes une hérétique dans ce cas vous passerez votre dernière nuit de liberté dans cette auberge, soit vous ne êtes pas et vous partirez quand bon vous semble, votre procès commencera et pourra durer des semaines, votre compagnon pourra vous accompagner en prison et il ne vous sera fait aucun tourment."
Je le suivis sans protester. Il m’interrogea de longues heures posant souvent les mêmes questions pour voir si je mentais. Cet interrogatoire serait fastidieux à transcrire, mais j’avais confiance.
« Alors Rosalla, vous avez fait un si long voyage pour tirer votre compagnon des mains des hérétiques? »
« Vous ai-je dit quelque chose de tel, mais non je ne pensais pas à l’hérésie que je ne connaissais pas, je suis venu le chercher car je l’aime, pouvez vous comprendre cela. »
« Oh oui, mais moi elle était morte quand je l’ai retrouvé, c’est pour cela que je suis entré dans les ordres, oui je comprends très bien et vous êtes libre, si vous m’aviez dit que vous vouliez tirer Peyre des griffes des hérétiques je ne vous aurais pas cru cela aurait été trop beau venant d’une personne si ignorante en matière de religion."
Il me libéra à condition que je me marie et pour vérifier que je le ferais bien j’aurais une escorte, j’allais voir un prêtre au plus vite car au bout d’une journée les anges gardiens étaient vraiment très encombrant surtout qu’ils avaient ordre de m’empêcher de voir mon grand benêt.. Mateo exigea un reçu en double exemplaire, j’en fis un en latin et un autre en grec, le prêtre ne savait pas écrire. Le mariage ressemblait plus à un enterrement, nous étions en petit nombre toujours avec la présence encombrante des gens d’armes. Mateo voulu dérider l’atmosphère et dit.
« Bertrand Marti n’a pas voulu signer les actes de mariage. »
Nous ne pûmes résister au fou rire en voyant la tête du prêtre on aurait dit qu’il venait d’avaler son chapelet.
« Mais c’est pour rire. » dit Mateo.
Le lendemain j’étais entièrement libre. Nous quittâmes la ville et partîmes pour Montpellier pour prendre le bateau de Mateo qui était heureux d’avoir retrouvé sa femme et sa fille, le voyage fût beaucoup moins mouvementé mais j’avais toujours du mal à retrouver la joie et l’allégresse.
« Cela va revenir ma nièce" dit ma tante Guillemette en me bourrant de drogues.
Toujours pas d’enfants en vue et de plus je ne tirais pas beaucoup de joie du commerce charnel. Les mois passaient et mon grand benêt devant mon peu d’enthousiasme braquemardait avec Guilhema une fille de joie du port. Mateo me dit qu’elle avait des vues sur l’héritage, il m’aida beaucoup en éloignant Guilhema, pour se faire il lui présenta un riche armateur, un lombard de ses collègues, comme il était vieux elle se maria par la séduire avec son fils. De plus Mateo m’offrit une petite maison de pierre à la place de notre cabane.
Voici dix jours que mon grand benêt ne m’avait rien proposé, il avait honte, car il savait que je savais. Nous étions au printemps au mois d’Avril, c’était la fin de l’âpres midi. Peyre devait me rejoindre à la maison. la maison était petite mais luxueuse avec sa cheminée en pignon, avec ses carreaux de terre cuite de couleur rouge et ses fenestrons aux vitraux de couleurs.
« Quand tu fouleras au pied la terre rouge et quand tu verras les vitraux ta joie reviendra plus forte que jamais. »
Cette phrase me revint d’un coup comme sortie d’un coin de ma tête, elle avait été prononcée par le mystérieux frère germain. J’enlevais à la hâte mes chaussures et mes chausses et quand mes pieds nus touchèrent terre une bienheureuse fraîcheur envahit mon être. J’enlevais aussi ma houppelande et je ne gardais que ma robe de lin de couleur blanche.
Peyre arriva, je lui souris en battant des cils, puis je l’entraînais dans un recoin de la plage ou personne ne nous verrait. Je fût très longue à retirer ma robe tandis que mon désir grandissait qu’il attende pour se faire pardonner je m’agrippais à ma robe, tout en tournant les chevilles, je résistais longtemps malgré les chatouilles aux plantes des pieds et sur les côtes, mais j’avais mal au ventre d’avoir trop rit et aussi de désir. Je fis un ultime marché
« Tu seras entièrement pardonné si tu me caresses sans laisser une parcelle de peau intacte"
Ce qu’il fit de fort belle manière. Mon corps brûlait de plaisir, j’exultais, je retrouvais les délices d’antan, mais en plus fort, quand il me pénétra avant de sombrer dans le plaisir je le pries par les épaules et lui dis.
« Avec toi, je serais toujours. »
Une minute plus tard, j’avais déjà oublié ce que j’avais dit, nous n’étions plus que gémissements. Je pleurais de joie tout en gémissant. Le froid du soir et le soleil couchant nous tira de notre nid d’aigle.