En ce beau mois de juillet 1207, Juetta jouait du Luth dans la grande salle du « château ». La bâtisse fortifiée était appelée prétendument château du fait que le père de Jueta, Gui de Beaulieu était chevalier. Juette ou Jueta en occitan déchiffrait sur un parchemin une copie d’une chanson de Bernard de Ventadour, troubadour Limousin du siècle dernier. La partition ne représentait pas des notes, mais les cordes du luth, comme nos actuelles tablatures, et sur ses lignes les notes n’étaient pas rondes comme à notre époque, mais losangiques avec une petite queue barrée d’un ou plusieurs traits, ce qui indiquait le rythme. Jueta âgée de dix-neuf ans s’ennuyait dans les murs froids de la massive battisse située à quelques lieues de Périgueux.
Soudain son père fit irruption dans la pièce
« Ma fille vous êtes déjà âgée, il vous faudra bientôt vous marier. »
« J’espères que vous avez d’autres prétendants que ce grand benêt de Pierre de Montignac. »
« Que neni ma fille nous allons partir des demain dans la rude province du Limousin, le baron de Treignac et le Vicomte de Ventadour les deux puissants seigneurs du Limousin ont tout deux des fils à marier. »
« J’espères qu’ils sont moins bêtes que ce grand benêt.. »
« Assez discuté ou avez-vous vu que les filles choisissent leurs maris cela n’existe dans aucun pays. »
« L’homme propose et la femme dispose tels sont les nouveautés mon père, et pourquoi épouser un noble, je rêve d’épouser un troubadour. »
« Bon assez de balivernes pour aujourd’hui, préparez vos bagages nous partons des le premier chant du coq. »
Le jour se levait juetta était déjà prête contente de changer de décors son plus long voyage avait été jusqu’à Brive la Gaillardesoit trente cinq kilomètres.
« Allons nous plus loin que Brive? »
« Infiniment plus loin nous en avons pour plus de deux jours de voyage. »
Le convoi se composait mis à part Juetta et de son père de deux sergent à cheval, de quatre mulets et d’un chariot remplit de chaux.
« A quoi sert ce chariot, les Limousins ne possédant pas assez de terre? »
« C’est de la chaux, elle sert à fabriquer le mortier mélangée à du sable, les Limousins ne possédant pas de chaux et cela va servir à financer notre voyage. »
Le voyage commença, au fur et à mesure que convoi s’élevait le terrain devenait de plus en plus granitique, Juetta remarquait que dans beaucoup d’endroits s’élevaient des bâtisses, des églises des châteaux. Ce début du XIII eme siècle voyait surgir de terre quantité de constructions, le maçon pouvait construire en paix, le paysan cultiver paisiblement. Le poids de la féodalité se faisait moins lourd et les grands seigneurs comprenaient que plus leurs sujets seraient riches plus eux le serait également . La circulation était importante sur les chemins et sur les routes ou anciennes voies romaines. le voyage ne coûté pas cher en effet, le contenu du chariot fût rapidement vendu et de plus Juetta chantait dans les auberges ce qui leurs assuraient le repas et le gîte gratuit.
« Vous en ferez un troubadour de votre fille messire. » Dit l’un des aubergiste
« Certainement pas, je vais la marier aux Ventadour. »
« Oh alors vous aurez beaucoup de concurrence alors. »
Le voyage entrecoupé de chansons, de transactions diverses dura plus d’une semaine au lieu des trois jours prévus. le temps n’avait pas la même importance qu’a notre époque. Le donjon du château de Ventadour se dressait au loin. Ils arrivèrent prés du pont-levis ou se trouvaient deux gardes armés dont l’un d’un dormait.
« Quel bon vent vous amène?. »
« Gui de Beaulieu et sa fille, chevalier Gui de Beaulieu. »
« Entrez c’est fête ce soir, deux ou de plus ou de moins quelle importance?. »
La grande salle située dans le bâtiment à gauche de la porte principale comportait une grande table ou trônait le Vicomte et sa femme, les plats étaient posés sur la table, les assiettes et les bols étaient en bois, les fourchettes à deux dents également. Le repas se composait de truites, d’un rôti de chevreuil, d’une bouillie de blé noir, de fromage et du pain noir de seigle. Gui de Beaulieu trouvait ce pays assez austère, de plus le vin était trop léger à son goût et il n’aimait pas le cidre et l’hydromel. Après la tarte aux myrtilles vinrent les jongleurs et les troubadours. Juetta n’avait d’yeux que pour un jeune troubadour assez peu expérimenté qui se nommait Simon Pardoux de Bonnefond ( Bonne fontaine), fils d’un riche fermier, elle s’arrangea pour le prendre à part.
« Vous pourriez chanter et moi jouer du luth et nous pourrions interpréter du Bernard de Ventadour. »
« Non pas lui, ignorez-vous qu’il fût l’amant de la femme du grand-père du vicomte. »