RECIT n°2

Publié le par maybruce


« Et alors »

"A ce pauvre Monsieur Bernardo, il en a eut bien des malheurs, pour commencer il y a eu cette chute de cheval quant il avait dix ans, depuis ce grave accident il a de toutes petites jambes.

Et il a eut bien du mal à marcher, de plus ses parents sont morts il y de cela maintenant trois ans, alors Isabel est revenue, elle qui avait disparue depuis presque vingt ans."

«Ah je comprends Isabel est l’amante cachée de M.Bernardo» 

« Non, pas du tout, tu vois, ici tout est bizarre, attention tiens toi bien, ce n’est pas son amante, Isabel est la mère de M.Bernardo."   

« Mais tu viens de me dire que ses parents étaient morts il y a trois ans »

« C’est la mère cachée elle a eut M.Bernardo quand elle avait quinze ans quelques mois, les parents sont partis à Monterrey, puis ils sont revenus avec un enfant, un bébé, mais Isabel est restée quelque temps, puis elle est revenue vivre dans une petite maison près d’ici, près de l’hacienda, de toute façon la mère de Bernardo ne pouvait pas avoir d’enfant. Le père en pinçait pour la petite Isabel, il a continué à la voir des années et des années après dans la petite maison » 

« Mais ils n’ont pas eu d’autres enfants »

« Je ne sais pas, peut être ont-ils été voir un chaman pour empêcher les naissances, peut être ne pouvait elle plus en avoir, dans ce cas même les chamans ne peuvent rien sauf peut être le grand sorcier, le grand Riberio »

« Je ne sais pas si c’est son vrai nom, le Français le nomme Jean »

« Qui est le Français ? »

«  C’est un prêtre, un curé, il est resté ici après la défaite des troupes françaises, il se trouve bien, que demander de mieux, les repas sont bons le vin gouleyant et puis il y a ses deux femmes  « 

« Quoi, s’exclama Juanita, un prêtre qui a deux femmes, de mieux en mieux, mais quelle maison, mais au fait je ne suis pas curieuse, enfin si, il faut bien l’avouer, qui sont ces deux femmes ? »

«  La première c’est Isabel, tu t’en serais doutée,  elle peut ensorceler tous les hommes qu’elle veut, qui peut résister aux charmes d’Isabel »

« Mais tu m’as parlé de deux femmes »

« Oui la deuxième c’est l’annamite, l’indochinoise si tu préfères, c’est la religieuse qui viens faire des soins au pauvre M.Bernardo »

«  Quoi en plus une religieuse, mais quelle maison, ce n’est pas possible »

« Je ne crois pas qu’ils soient passés au lit, mais le curé il est bel et bien amoureux de la religieuse »

« Mais que dit Isabel »

« Elle fait semblant de ne rien voir, mais elle est triste, imagine, une si belle femme qui n’a pas connu d’amour vrai, elle a connu seulement le plaisir, et puis une si bonne personne, elle a beaucoup de respect pour les petites gens comme nous, ici nous sommes tranquilles et bien payés sans trop travailler, et de plus nous ne risquons être attaqués par les Apaches »  

«  Ah bon et pourquoi ? »

«  Ils ont bien trop peur de la magie de Riberio, ici c’est vraiment spécial, il faut s’y faire.. Riberio leur donne de temps en temps une tête de bétail aux Apaches ainsi ils n’ont pas de raisons de piller l’hacienda, c’est un grand chaman, toutes les haciendas de la région ont été pillées sauf la notre  »

« Ce Riberio est-il indien »

« Non, mais de toutes façons personne ne sait d’ou il vient, il est venu un jour il y a de cela un an, il prétendait venir d’une tribu Hopi, tu sais les indiens du Nouveau Mexique. Les Hopis se sont tous des sorciers, ils sont habillés de blanc, c’est un fameux guérisseur Riberio, l’autre jour par exemple, je suis tombé dans les escaliers, et j’avais une entorse, il a posé sa main et puis ... tout a disparu, comme une vessie de porc crevée, il a regard, un regard qui vous déshabille »  

« Je ne sais pas si je pourrais le supporter »

«  Non ce n’est pas ce que tu crois, il ne déshabille pas les corps, seulement les âmes »

« Alors s’il est aussi fort que le grand chaman Jésus pourquoi n’a-t-il pas pu soigner M.Bernardo »

«  Il soigne certes mais il ne fait pas de miracles, si les jambes sont courtes, il ne peut pas les rallonger, mais quand même M.Bernardo ne quittait pas son fauteuil, il a quand même réussi à le faire remarcher, il a mis des bouts de bois, il lui a fait faire des mouvements »

« Comme les rebouteux »

« Non Riberio a dit que c’était un métier qui n’existait pas encore, puis il a dit à M.Bernardo ; tu feras peut être ce métier plus tard, je ne comprends pas très bien ce qu’il a voulu dire »

« Oui de plus en plus bizarre cette Hacienda «  dit Juanita.

« Tu n’as pas peur au moins »

« Non, mais je suis curieuse, de plus je ne voudrais pas le rencontrer au fond d’un bois ce Riberio, et ton curé avec tout cela, il ose encore faire la messe »

Non mais pour qui la ferai-t-il ? Il est porté disparu pour les français »

« Mais il fait bien encore les confessions » 

 « Oh tu sais il est mal  placé pour faire la morale, imagine que tu lui dises que tu dormes avec un homme avant de te marier, que veux-tu qu’il te dise, de toute façon pour nous les indiens ce n’est pas un péché et de plus il suit les enseignements de Riberio qui ne sont pas dans les idées très catholique. Moi cela ne me choque pas en tant qu’indienne, je trouve cela pas mal du tout que les indiens convertissent les curés, c’est le contraire d’habitude »

 

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